Mes Filles

Je parle beaucoup de mon petit garçon depuis que j'écris mes petits billets quotidiens.

Et il est vrai qu'avoir un enfant hors norme est chronophage, épuisant moralement et physiquement, tant il faut lutter pour faire accepter sa différence aux autres.

C'est également un long chemin personnel qu'il faut parcourir pour admettre que la chair de sa chair soit porteuse d'un handicap, réussir à faire taire cette culpabilité dévorante qui m'assaille chaque jour d'avoir peut-être transmis un mauvais gêne à l'origine de ses troubles, ou bien d'avoir respiré ou ingurgité quelque chose qui aurait fragilisé son organisme, enfin peut-être, de l'avoir fait vacciner les yeux fermés, sans se documenter, sans savoir que cela peut être dangereux parfois, et parvenirr oublier les "pourquois" pour mieux se concentrer sur les moyens à mettre en oeuvre pour le sortir de là.

Mais il y a aussi mes deux merveilles de filles, si joyeuses, si dégourdies, si autonomes mais aussi si câlines, si sensibles, qui souffrent sans doute parfois de voir leur maman fragile, à bout de nerfs et prête à bondir sur elles à la moindre contrariété supplémentaire.

Elles éprouvent probablement aussi un sentiment d'injustice lorsqu'elles consatent que l'on tolère chez leur frère des comportements qui leur sont strictement interdits.

Elles en connaissent la raison, on le leur a bien expliqué, mais on n'a pas toujours envie d'écouter le discours des grands quand on a 8 et 2 ans...

J'ai pourtant déja vu ma grande se disputer violemment avec son meilleur copain à cause d'une parole maladroite sur son petit frère, et riposter ardemment à ce qu'elle avait considéré comme une attaque ou une moquerie.

Je ne voudrais surtout pas que mes filles vivent la différence de Simon comme un fardeau, qu'elles se sentent éternellement responsables de lui.

Je souhaite que chacune puisse mener la vie qu'elle aura choisie en toute innocence, qu'elles ne s'autocensurent pas à cause de ce frère pas comme les autres, dont il faudra peut-être toujours se préoccuper.

Je n'ai qu'un seul désir finalement  et en y réfléchissant bien, c'est que tous mes enfants puissent un jour quitter le nid, prendre son envol et partir construire son propre destin.